Les Journées Belle Nature sur RCF
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153 partenaires participent aux Journées Belle Nature. La liste complète est accessible sur le le blog des JBN.
Avant sa venue aux Journées Belle Nature 2011, Fabienne Thibault a accepté de répondre à trois de nos questions :
Vous serez présente aux Journées Belle Nature 2011. Quelles sont les raisons de votre participation à cet évènement ?
Fabienne Thibeault : Je suis petite - fille de cultivateurs et très fière de l'être. Ces racines "paysannes" et québécoises ont toujours éveillé chez moi un intérêt pour la vie des territoires ruraux et la dynamique "Terroirs" au sein du monde rural.
Au cours des années 90, lors de tournées dans de multiples régions de France, j'ai été marquée et interpelée par l'authenticité des productions locales, par les difficultés rencontrées par les professionnels de l'agriculture à communiquer avec les citadins et les consommateurs. Les drames qui ont ensuite frappé les filières viande, suite à la crise de » la vache folle » entre autres, m'ont amenée à m'impliquer dans l'animation et la communication au service de l'authenticité, de la personnalité et des démarches qualitatives de nos régions. dans la problématique globale et les cohérences qui lient l'agriculture, la transformation agro-alimentaire, l'aménagement du territoire, la durabilité, le respect de l'environnement, le bien être animalier, les patrimoines ruraux, les valeurs immatérielles, les ressources eau et forêt, l'économie, la culture, le tourisme de qualité.
En 1996, j'ai crée l'Association Les 6 Rivières, en partenariat avec le saxophoniste Jean-Pierre Debarbat, consacrée à conception, à la mise en œuvre, ou à l'appui, de manifestations de communication et festives en régions, ou au sein de grands salons.
"Que les projecteurs illuminent nos villages" est devenu mon leitmotiv. Avec le label "Les Agriculturelles" et "Notre Terre" la Comédie musicale des terroirs de France, la culture s'allie à l'agriculture dans la pédagogie auprès de tous pour défendre et diffuser les enjeux et les moyens nécessaires à la Durabilité, à la reconquête des marchés locaux; pour que l'économie coïncide avec le développement durable.
Les Journées Belle Nature sont tout à fait intéressantes et cohérentes dans ce contexte. Je suis donc fière et ravie d'y participer dans le cadre de cette « Rencontre Débat – Concert » à la facture originale et significative.
En compagnie de l’élu Thierry Burlot, de Laurent Avon, (spécialiste des plans de sauvegarde des races bovines à petit effectif, passionné de la race bovine canadienne et des races bretonnes) sous la houlette de la journaliste Sylvie Le Calvez, nous saurons apporter un propos et une touche « différente » et complémentaire à la réflexion sur nos territoires.
Est-ce la première fois que vous venez en Bretagne et que représente cette région pour vous ?
Fabienne Thibeault : C’est la première fois que j’aurai l’occasion de m’immerger au cœur de ce Parc Naturel Régional riche d’histoire et de dynamique et de connaître la Communauté de Communes Lanvollon-Plouha qui m’accueille. Au Salon de l’AMF de l’année dernière, à Paris, j’ai eu le plaisir de rencontrer Thierry Burlot, avec qui nous avons passionnément échangé sur les enjeux de nos territoires et du développement durable. C’est à son invitation que je réponds en étant présente, de « façon amicale », à ces Journées Belle Nature, pour connaître le territoire, échanger, partager, donc avancer.
J’ai eu plusieurs fois l’occasion de chanter en Bretagne, dans un séjour à chaque fois très court ; j’ai également participé au SPACE à Rennes, à l’invitation de Jean-Michel Lemétayer, alors président de la FNSEA et ami depuis longtemps.
La Région Bretagne représente beaucoup au Québec car elle nous rappelle tant d’histoire en commun ; de nos ancêtres jusqu’à aujourd’hui, un héritage et une couleur musicale. Comme au Québec la nature est extrêmement présente et comme chez nous, la Bretagne bouge, et se mobilise pour les nouvelles valeurs de gestion et de développement de nos territoires. La Bretagne refuse cette « image » désormais passéiste de « pollueur » et avance dans la bonne direction.
Vous militez pour la sauvegarde de la vache canadienne, pourquoi cet engagement ?
Fabienne Thibeault : En 2007, j’ai pris connaissance du grave abandon dans lequel nos pouvoirs publics laissaient nos races patrimoniales, pourtant reconnue comme telles, par une loi en 1999, loi du gouvernement du Québec. Depuis, aucun moyen, aucune action de sauvegarde et de développement, hormis quelques initiatives individuelles.
La Vache Canadienne, le Cheval Canadien et la Poule Chanteclerc, semblaient voués à la disparition et au non développement. Devant ce scandale, j’ai écrit au Premier Ministre du Québec Jean Charest et exigé un rendez-vous de travail avec les instances concernées. J’ai alors alerté les médias et la dynamique s’est mise en place. Le Québec a institué depuis une grande réflexion et étude dans tout le territoire sur l’avenir de notre agriculture et de notre modèle agricole et agro-alimentaire, vécu jusqu’à maintenant à l’américaine, sur le mode intensif. Le Québec s’est alerté et est entré désormais dans une dynamique « terroir et développement durable » au service de nos régions, de nos producteurs, transformateurs, agents de développement local, agents de tourisme, artisans, professionnels de la table, gestionnaires des territoires.
L’exemplarité des dynamiques des territoires en France, est fondamentale pour la réussite de ce virage au Québec. Dans ma région d’origine, Charlevoix, un vaste projet est en marche. Reconstituer un troupeau aux caractéristiques d’antan, mettre en œuvre un cahier des charges afin de mettre en activité une Appellation Réservée pour le lait de Vache Canadienne et développer une gamme de fromages spécifiques, en partenariat avec une Laiterie, dans une gestion durable de ces développements.
Il s’agit de la première filière terroir en Amérique Nord et cela est très important pour les défis qui attendent ce continent qui commence à se réveiller et à résister à ce modèle intensif vain et désormais périmé. Sur ce terrain, allier les forces françaises et québécoises est nécessaire. J’agis dans la recherche de partenariats d’énergie, de mutualisation des connaissances et des expériences, dans la recherche de financement au service de ma région, dans le but d’affirmer le leadership français sur ces thèmes et d’assoir la pérennité ce ces nouvelles valeurs.
Laurent Avon, que j’ai convié à un voyage d’études au Québec et qui suit la race canadienne depuis de nombreuses années reste persuadé de l’avenir de la race. Celle – ci, originaire des Côtes de la Manche, entre Granville et Guingamp, a accompagné les pionniers au cours du 17 e siècle. Elle fut le fer de lance de la survie, au quotidien. Soumise plus tard aux lois du productivisme propre au 20 e siècle, abandonnée à d’excessifs croisements, ce fleuron de l’histoire, maillon exceptionnel de la bio diversité, cette race, dernière race bovine autochtone en Amérique, prend un virage nouveau, au sein d’un territoire, aux enjeux exceptionnels, Charlevoix, Réserve Mondiale de la Biosphère, dans un nouveau modèle à suivre. Laurent Avon est d’ailleurs partenaire du projet de refondation du troupeau au Québec.
Nous avons d’ailleurs au Québec, un projet de Forum Terroir Culture et Durabilité, en 2013, dans Charlevoix, où j’espère la Bretagne sera présente et active. J’aurai, le plaisir de vous sensibiliser à cette démarche importante lors du 3 septembre.
Cette rencontre Agriculturelle nous permettra d’échanger, le tout agrémenté de quelques chansons. Au plaisir de s’y retrouver.